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Travail / chômage / activité
Publié en 1997 dans "Assedic Blues, Bureaucrate ou Quelques centaines de francs par mois", premier essai pamphlet de l'auteur... sous son nom de naissance...
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Le travail, naguère impératif dans un pays assumant difficilement sa suffisance alimentaire, s'est transformé en marché, assujetti aux principes de la concurrence, et des attablés s'accrochent à leur part d'un gâteau dont on sent bien qu'il ne grossira plus, écartent les autres, de peur qu'ils grignotent leurs "avantages acquis".
Les politiques prétendent vouloir éradiquer le chômage-calamité, des élections se jouent même sur ce thème mais, retenus par des privilégiés (patrons, détenteurs de capitaux, fonctionnaires, salariés et retraités recroquevillés), les élus gèrent la crise, multiplient les mesurettes poudre aux yeux.
Ainsi les plus âgés, poussés à la retraite, et les jeunes, convaincus d'accroître leur formation, dessinent une France "active" des 25-55 ans, devenue, par voies de garage et difficultés d'insertion, celle des 30-50 ans. Elaguer ainsi n'apporte même pas le plein emploi ! Mais la situation n'a rien de comparable avec celle des années 30, notre chômage est un choix de société, une gestion à leur profit de l'opulence par les nantis.
Ce "fléau" aurait facilement pu être évité, en appliquant une équation logique : le volume nécessaire d'activité humaine diminuant (automatisation, gains de productivité...) pour fabriquer la même chose et nos besoins (inclus le correctif importations / exportations) ne suivant pas la courbe opposée, si nous voulons qu'un nombre constant d'individus réalisent cette production, le temps que chacun y consacre doit diminuer en proportion.
Certains ont longtemps prétendu qu'il suffisait d'amplifier croissance et exportations. Et les médias béni-oui-oui n'osent les contredire. Comme si croissance et marchés extérieurs étaient à l'infini extensibles. Comme si le but de l'économie était de produire toujours davantage (et non le bien-être des gens).
Faute d'avoir agi en douceur, l'heure est à l'électrochoc. Une réduction lente du temps de travail n'engendrant qu'un effet stabilisateur sur l'emploi - comme le confirme l'expérience de 1982 avec 15000 à 70000 créations seulement, peu d'embauches ayant lieu pour quelques minutes quotidiennes effectuées en moins - le passage aux 32 ou 33 heures doit être décrété d'urgence (l'économiste anglais John Mayard Keynes ne prédisait-il pas les trente heures à ses petits-enfants). Sur quatre jours. Impérativement sur quatre jours, sinon l'économie tournera au ralenti et la production générale régressera.
Profitable au citoyen, cette métamorphose le deviendra, après une phase d'adaptation, aux entreprises qui augmenteront la durée d'utilisation des équipements. D'un côté les outils actifs six jours, de l'autre chaque salarié présent les deux tiers du temps. Cela passe nécessairement par une redéfinition des relations où ne prime plus le rapport de force et l'information cesse d'être un enjeu du pouvoir.
Profitons de cette mutation pour humaniser nos rapports aux autres. Exploitons la machine pour enfin libérer l'Homme.
Le coût ? Faux problème évidemment ! L'argent existe (rien que l'indemnisation des chômeurs, les bénéfices des entreprises et les grandes fortunes), c'est la volonté qui manque. Quand De Gaulle lance la conquête atomique la France est pauvre mais elle a l'ambition. Quelle est notre ambition aujourd'hui ?
Mais cette révolution n'est qu'une évolution, n'en déplaise aux exploiteurs le temps choisi triomphera. Car la machine, comme l'ont rêvé certains ancêtres, remplacera l'Homme partout où domine le fastidieux. Nous cueillerons enfin les fruits, accaparés par certains, de générations qui ont cru aux jours meilleurs pour leurs enfants. Au terme "travail" nous substituerons "activité" et la rémunération ne conservera qu'un lien marginal avec cette activité, nous ne la nommerons plus salaire mais ressource, octroyée à chacun dans sa réalisation personnelle et liée à un minimum d'heures au service de la collectivité.
Certains s'y opposeront. Toujours les mêmes, les conservateurs, les possédants qui ont vu dans le chômage le moyen idéal d'étouffer les aspirations des travailleurs. Comme leurs ancêtres se sont opposés à la journée de dix heures, aux congés payés... ils feront tout pour conserver un taux de chômage apte à faire marcher aux pas les écrasés.
A lire : La Faute à Souchon ?
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- le 24 décembre 2011 à 06 : 45
par françois : Travail et chômage sous sarkozy ! |
Article du 30 octobre 2011 à 21 : 36.
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