(page extraite de l'ebook Ce François Hollande qui peut encore gagner le 6 mai 2012 ne le mérite pas)
1981 et ses dix candidats... serait presque parfait comme comparaison, avec Jean-Luc Mélenchon dans la tunique de Georges Marchais, s'il n'y "manquait" le Front National...
Au premier tour, le 26 avril 1981 :
Valéry Giscard d'Estaing, UDF, 28,32 %
François Mitterrand, PS, 25,85 %
Jacques Chirac, RPR 18,00 %
Georges Marchais, Parti communiste 15,35 %
Brice Lalonde, Mouvement d'écologie politique 3,88 %
Arlette Laguiller, Lutte ouvrière 2,30 %
Michel Crépeau, Mouvement des radicaux de gauche 2,21 %
Michel Debré, Divers droite gaulliste 1,66 %
Marie-France Garaud, Divers droite gaulliste 1,33 %
Huguette Bouchardeau, Parti socialiste unifié 1,10 %
Au second tour, le 10 mai 1981, François Mitterrand 51,76 % Valéry Giscard d'Estaing 48,24 %.
Déjà, la nécessité de relativiser la dynamique de victoire que constitue une arrivée en tête au premier tour. Il s'agit plus sûrement d'une question de reports de voix, et l'on sait désormais que ce sont celles de Jacques Chirac qui ont le plus manqué à VGE.
1988 : 9 candidats en lice... et même si le Parti Communiste pense toucher le fond dans sa lajoinisation, il regroupe encore plus de deux millions d'électeurs.
Premier tour, le 24 avril 1988.
François Mitterrand, PS 34,11 %
Jacques Chirac RPR, 19,96 %
Raymond Barre Sans étiquette, soutenu par l'UDF, 16,54 %
Jean-Marie Le Pen Front national 14,38 %
André Lajoinie Parti communiste 6,76 %
Antoine Waechter Les Verts 3,78 %
Pierre Juquin Communiste rénovateur, 2,10 %
Arlette Laguiller Lutte ouvrière 1,99 %
Pierre Boussel Mouvement pour un parti des travailleurs 0,38 %
Au second tour, le 8 mai 1988, François Mitterrand l’emporte avec 54,02 % contre Jacques Chirac à 45,98 %.
Après deux années à Matignon, Jacques Chirac aurait vraisemblablement aussi perdu contre Michel Rocard. Pour la répartition des forces, il est nécessaire de remarquer qu’avec Jacques Chirac, Raymond Barre et Jean-Marie Le Pen, la non gauche dépassait 50% au Premier tour.
1995 : l’erreur historique de Jacques Delors, attendu par une France convaincue par la qualité de son travail durant ses dix années à Bruxelles. Pourquoi Jacques Delors a finalement offert un boulevard à la droite, dont a profité Jacques Chirac ? Il s’est persuadé qu’il n’obtiendrait jamais de vraie majorité pour gouverner ? Que le désamour de la France pour le PS était tel qu’il devrait cohabiter avec le RPR ? Qu’il s’agirait aussi d’une forme de cohabitation s’il devait nommer un Premier Ministre socialiste, un éléphant de la rue de Solferino ? Qu’il bloquait la carrière de sa fille Martine Aubry s’il gagnait et même perdait ? Henri Emmanuelli, le premier secrétaire, candidat « naturel » auquel les sondages prédisaient la pire des déconvenues, a finalement laissé Lionel Jospin obtenir une défaite "honorable."
Seulement neuf candidats. Et, quasi inespéré pour le PS, Lionel Jospin arrive en tête le 23 avril 1995. Mais à moins de 24%.
Lionel Jospin PS, 23,30 %
Jacques Chirac RPR 20,84 %
Édouard Balladur, RPR soutenu par l'UDF 18,58 %
Jean-Marie Le Pen, Front national 15,00 %
Robert Hue Parti communiste 8,64 %
Arlette Laguiller Lutte ouvrière 5,30 %
Philippe de Villiers Mouvement pour la France 4,74 %
Dominique Voynet Les Verts 3,32 %
Jacques Cheminade Parti ouvrier européen 0,28 %
Imaginez, en utilisant les résultats de l’élection suivante, que Jean-Pierre Chevènement lui ait siphonné 5,33 % et Christiane Taubira, 2,32 %. Oui, si l’on retire 7,55% à Lionel Jospin, il recule derrière Édouard Balladur. Même 5% d’éparpillement des voix socialistes lui aurait été fatal. Mais ce calcul, personne ne le réalisa avant 2002. Qui plus est, un second tour Chirac-Balladur aurait été vécu comme une simple confirmation du désamour de la France avec une gauche usée par les affaires des deux mandats de François Mitterrand.
Le 7 mai 1995, oh événement inconcevable durant ma jeunesse, Jacques Chirac, avec 52,64% succède à François Mitterrand.
2002... Il ne faut naturellement pas occulter 2002. Même si comme en 2007 le PS hurle au "vote utile", n'ayant surement retenu que l'éparpillement des voix et préférant se répéter qu'il aurait suffi des 660 447 de Christiane Taubira à Lionel Jospin pour devancer Jean-Marie Le Pen qui compta seulement 194 600 bulletins de plus que le candidat socialiste aussi privé des 1 518 528 suffrages captés pas Jean-Pierre Chevènement.
L’argument du "vote utile" en 2012 doit se lire en "ne donnez pas une telle force à Mélenchon qui me fera payer très cher son ralliement."
- Le risque d’un 21 avril bis est donc écarté selon toi ? m’a demandé la première confidente de mes analyses.
Oui ! Voir l’analyse Aucun risque d’un 21 avril bis !
Jacques Chirac, RPR 19,88 %
Jean-Marie Le Pen, Front national, 16,86 %
Lionel Jospin, Parti socialiste 16,18 %
François Bayrou, UDF, 6,84 %
Arlette Laguiller, Lutte ouvrière, 5,72 %
Jean-Pierre Chevènement, Mouvement des citoyens, 5,33 %
Noël Mamère, Les Verts, 5,25 %
Olivier Besancenot, Ligue communiste révolutionnaire, 4,25 %
Jean Saint-Josse, Chasse, pêche, nature et traditions 4,23 %
Alain Madelin, Démocratie libérale, 3,91 %
Robert Hue, 3,37 %
Bruno Mégret, Mouvement national républicain, 2,34 %
Christiane Taubira, Parti radical de gauche, 2,32 %
Corinne Lepage, Citoyenneté action participation pour le XXIe siècle, 1,88%
Christine Boutin, Forum des républicains sociaux, 1,19 %
Daniel Gluckstein, Parti des travailleurs, 0,47 %
Au second tour, le 5 mai 2002, Jacques Chirac obtenait un triomphe républicain avec 82,21 %. Jean-Marie Le Pen 17,79 %
2007 : Nicolas Sarkozy l’a emporté le dimanche 6 mai avec 53,06 %, face à Ségolène Royal.
22 avril : le premier tour.
Nicolas Sarkozy, UMP 31,18 %
Ségolène Royal, PS, 25,87 %
François Bayrou UDF 18,57 %
Jean-Marie Le Pen, FN 10,44 %
Olivier Besancenot, Ligue communiste révolutionnaire 4,08 %
Philippe de Villiers Mouvement pour la France 2,23 %
Marie-George Buffet Gauche populaire et antilibérale 1,93 %
Dominique Voynet Les Verts, 1,57 %
Arlette Laguiller, Lutte ouvrière, 1,33 %
José Bové, 1,32 %
Frédéric Nihous Chasse, pêche, nature et traditions, 1,15 %
Gérard Schivardi, Comité national pour la reconquête des services publics, 0,34 %.
Conclusions
Alors que la meilleure performance de Jacques Chirac au premier tour se situe à un modeste 20,84% (en 1995), Nicolas Sarkozy dépassait les 31%. Historiquement, le grand marasme de la gauche se situe bien en 1995, quand Jacques Delors aurait pu avec un parcours hors parti la sauver mais préféra la laisser sombrer. La France préféra abandonner le pouvoir à un Jacques Chirac qu'elle n'a jamais aimé (même si, il bénéficie désormais d’une reconnaissance pour une carrière finalement exceptionnelle !) et la gauche s'est contenté d'attendre l'alternance démocratique, sans soigner la notabilisation qui l'a éloignée des réalités.
Comme Valéry Giscard d'Estaing en 1981, François Mitterrand en 1988 et Jacques Chirac en 2002, Nicolas Sarkozy tente la réélection.
L’Histoire lui est défavorable : si François Mitterrand et Jacques Chirac furent réélus, c’est à la sortie d’une période de cohabitation, alors que Valéry Giscard d'Estaing, qui dirigeait vraiment le pays, fut battu. Qui plus est, le candidat de l'UMP propose "la France forte" comme slogan principal, dans la lignée du "il faut une France forte" de VGE.
Nicolas Sarkozy 2012 ressemble trop à VGE 1981 pour gagner ? Ou est-ce que Nicolas Sarkozy, persuadé que VGE aurait été réélu si Chirac n’avait pas joué contre son camp, mise sur l’esprit de revanche des électeurs de droite de 1981... ou de leurs enfants ?
Presque adoubé par Jacques Chirac dont l’humour corrézien peut signifier un vote réel (compensé par le bulletin Sarkozy de Bernadette), François Hollande avance vers l’Elysée avec un programme de consensus, conservateur, frileux, sûrement voué au jugement d’immobilisme en cas d’application.
La portée historique de sa défaite dépasserait celle de Ségolène Royal quand Nicolas Sarkozy avait réussi à se présenter comme une rupture après deux mandats de vide chiraquien.
Le niveau de popularité de Nicolas Sarkozy et la mise en perspective historique ont fait dire que même un âne avec une étiquette PS pourrait l’emporter. à quelques semaines du premier tour, l'analyse devient plus lucide : face à un candidat à la compétence certaine et doté d'un minimum de charisme, Nicolas Sarkozy aurait été balayé.
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