127 – Pollution ou esprit de pauvreté ?
1961-2021... 60 ans après le texte de Lorenzo Gomis. Sa courte notice figure sur le wikipédia espagnol. Lorenzo Gomis Sanahuja, Barcelona, 1924 - 31 décembre 2005. Un poète et journaliste espagnol, directeur de El Correo Catalán de 1977 à 1981 après avoir co-fondé, en 1951, le magazine El Ciervo, dirigé avec son épouse Roser Bofill et son frère Joaquim Gomis Sanahuja. Catholique pratiquant, professeur émérite de journalisme à l’Université Autonome de Barcelone, il fut chroniqueur et directeur de La Vanguardia. Aucun de ses livres ne semble avoir été traduit en français. El caballo (1951) Cámara lenta (1969) Oficios y maleficios (1971) Sons i sonets (1984) Libro de Adán y Eva (1991).
Esprit, la revue, publia une de ses chroniques, dans le numéro de septembre 1961, sous le titre "Le chant de la pauvreté". « La pauvreté en tant que vertu ? C’est ce que nous avons coutume d’appeler l’esprit de pauvreté, tout ce que la pauvreté, quand elle est acceptée et intériorisée, a de créateur : le détachement, la liberté, la joie. La question consiste alors à savoir si, quand nous luttons contre la pauvreté matérielle, nous combattons aussi - bien qu’involontairement - l’esprit de pauvreté. Autrement dit : il s’agit de savoir s’il est possible de posséder à la fois le bien-être matériel et l’esprit de pauvreté. »
Il nous cause de ces années-là : « Un Américain qui connaît bien la Russie - c’est-à-dire un homme familiarisé avec les deux grands laboratoires du présent - dénonçait récemment les maux découlant d’une urbanisation et d’une industrialisation précipitées et irréfléchies. L’Amérique du Nord, remarque Georges Kennan, n’est pas un pays surpeuplé ; pourtant il existe sur la côte atlantique de vastes zones qui formeront bientôt un territoire semi-urbain d’où aura disparu toute trace de champs et de cultures quelconques. C’est un exemple d’un mauvais emploi de la terre, d’un démembrement de la communauté, d’une rupture de la vie politique locale, dont il résulte en outre beaucoup de laideur. Pour détruire un ver dans un champ, un avion couvre le terrain tout entier d’insecticide et bouleverse l’équilibre de la nature. Les ménagères entretiennent leur maison avec des « détersifs » et ces produits, en aboutissant finalement à la mer, modifient la composition des eaux et risquent d’altérer la vie végétale. Les conséquences, dit-on, ne seront pas sensibles avant trente ou quarante ans. »
Lorenzo Gomis serait donc mort quarante-cinq années après cette communication à la rencontre internationale sur « les écrivains et la société du bien-être », organisée à Copenhague du 8 au 14 septembre 1960.
Combien de tonnes d’insecticides déversées sur notre planète depuis ?
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