Texte en vidéo :
« Les migraines de Siri Hustvedt. »
Et les notres !
De manière surprenante, alors qu’elle consacre une grande partie de son oeuvre à détailler les pistes neurologiques, psychiatriques,
Siri Hustvedt ne semble pas avoir pensé à tout simplement considérer ses migraines comme une alerte, à un cadre de vie, à une vie,
trop éloignée de ses profondes aspirations.
Ainsi dans "la femme qui tremble" : « Des chercheurs se sont interrogés à propos des personnalités migraineuses dans une tentative de découvrir des traits communs à tous ceux qui en sont affectés, mais le nombre des gens qui souffrent de tels maux de tête, accompagnés ou non de diverses espèces d’auras, est si grand que l’espoir de trouver un migraineux type a été généralement abandonné. »
Pourtant quand elle relate son IRM du cerveau elle note, sans considérer ce point comme un support majeur de réflexion : « A "Ville", j’ai failli écrire Northfield, la ville de mon enfance, au lieu de BrooklyN. Je suis abasourdie.
Il y a vingt-sept ans que je vis à Brooklyn, et trente dans l’agglomération new-yorkaise. »
Vivre ailleurs, vivre autrement, vous n’y avez jamais pensé ? Certes la conviction de l’impossibilité de vivre ailleurs, autrement, le plus souvent engloutit toute velléité de pensée objective. On s’aperçoit plus facilement des erreurs des autres que des siennes. Pourtant elle a consulté ! Mais personne, parmi ces professionnels, pour oser, ou avoir la lucidité, de proposer une possibilité simple, trop simple, sans traitement ni séances, dans une société où les suivis se doivent de durer ! Recherchez des raisons dans votre enfance, un traumatisme… mais surtout ne pas remettre en cause votre présent !
La migraine comme alerte d’un problème à ne plus se masquer, parfois ?
New York est-elle une cité de verre vivable quand on a grandi à Northfield, dans l’État du Minnesota, 20 000 habitants en 2020, mais seulement 7500 en 1950, 8700 en 1960 quand elle fêta ses 5 ans ? Siri Hustvedt est l’épouse de Paul Auster dont la véritable addiction au tabac doit suffire à déclencher une migraine chez toute personne le croisant.
Dans Chroniques d’hiver, il reconnaît d’ailleurs « Tu sais que ta femme s’inquiète à ton sujet, surtout en ce qui concerne ta consommation de tabac et d’alcool, mais par bonheur, jusqu’à présent, aucune radio n’a révélé de dégâts dans tes bronches, aucun test sanguin n’a montré que ton foie avait subi des ravages, et donc tu persistes dans tes exécrables habitudes tout en sachant pertinemment qu’elles finiront par provoquer en toi de graves dommages, mais plus tu vieillis et moins il est probable que tu auras un jour la volonté ou le courage de renoncer à tes chers petits cigares et aux fréquents verres de vin qui t’ont procuré tant de plaisir au fil des ans, et tu te dis parfois que si tu devais les chasser de ta vie à ce stade tardif, ton corps s’effondrerait, tout simplement, que ton système cesserait de fonctionner (…) les avantages que tu retires de l’alcool et du tabac te servent de béquilles pour que ton moi puisse tenir debout et se déplacer dans le monde. »
Un aveu comme il pourrait sûrement en exister des millions ? Malgré cette lucidité jamais l’écrivain ne se questionne sur les conséquences pour ses proches. Aimer c’est accepter les migraines ?
Oui, on peut décéder à 44 ans d’un cancer débuté aux poumons sans jamais avoir fumé et les bronches encrassées continuer à écrire à 74 ans.
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